La guerre syrienne entre dans sa huitième année, ce jeudi 15 mars 2018. Elle a déjà fait plus de 350 000 morts, des centaines de milliers de blessés et de handicapés, six millions de réfugiés et autant de déplacés internes. Ce conflit a provoqué, selon les Nations unies, l’une des plus graves crises humanitaires depuis la Deuxième Guerre mondiale. Et aucune perspective de solution ne se profile à l’horizon.

De notre correspondant à Beyrouth,

La guerre syrienne, sept ans déjà… et aucune perspective à l’horizon. La solution politique semble bien loin. Ni la conférence de Genève, appuyée par les pays occidentaux, ni celle de Sotchi, initiée par la Russie avec le soutien de la Turquie et de l’Iran, n’ont réussi à mettre le pays sur la voie d’un règlement politique.

Au contraire, la situation semble se compliquer davantage. Car ce qui était, les premières années, une révolte populaire, s’est transformé à cause de multiples facteurs en guerre civile, avant de devenir, aujourd’hui, un conflit entre des puissances régionales et internationales sur le terrain syrien.

Vers un éloignement de la Turquie de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord

La Turquie et l’Iran sont directement impliqués, la Russie et les Etats-Unis sont militairement présents. Washington et Moscou se livrent une guerre de basse intensité par alliés interposés. Certains spécialistes pensent que c’est de l’issue de la guerre syrienne que dépendra la nature du nouvel ordre mondial en gestation.

La crise syrienne pourrait provoquer un remodelage des alliances régionales et internationales, avec l’éloignement de la Turquie de l’Otan et le retour de la Russie en tant qu’acteur de premier plan en Méditerranée orientale. Quant à la République d’Iran, elle utilise le terrain syrien pour renforcer son influence régionale.

Un apaisement régional, surtout entre l’Arabie saoudite et l’Iran, peut calmer le jeu

Par l’implication de son allié libanais du Hezbollah dans la guerre syrienne aux côtés du régime, l’Iran essaye de créer une continuité territoriale entre Téhéran et le Liban. Mais les efforts iraniens suscitent l’inquiétude d’Israël et des Etats-Unis, qui veulent éloigner l’Iran et le Hezbollah de sa frontière septentrionale.

Au Liban, la décision du parti chiite d’envoyer ses troupes, au printemps 2013, a suscité des craintes dans la communauté chiite, et provoqué un tollé chez une partie de la classe politique. Des voix se sont élevées chez les chiites concernant les lourdes pertes du Hezbollah : environ 2 000 morts, 5 000 blessés.

Ces voix se sont tues, après les victoires enregistrées sur plus d’un front. Les partis politiques, qui exigeaient aussi le désengagement du Hezbollah, ont conscience que les enjeux de son implication dépassent le cadre libanais. Seul un apaisement régional, surtout entre Riyad et Téhéran, pourrait régler cette question.

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