Après les sanctions prises par le Royaume-Uni contre la Russie, suite à l’empoisonnement de l’ancien espion russe Sergeï Krispal et de sa fille à Salisbury, sur le sol britannique, Londres se prépare désormais à des représailles de la part de Moscou. C’est pourquoi le gouvernement May a cherché à s’assurer du soutien de ses alliés lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU mercredi soir.

Vingt-trois diplomates russes ouvertement accusés d’espionnage par la Première ministre britannique devant le Parlement, et déclarés persona non grata. Les relations bilatérales gelées entre Londres et Moscou, avec notamment une visite du ministre russe des Affaires étrangères renvoyée aux calendes grecques. Une Coupe du monde de football qui se tiendra en Russie en juin, et qui sera snobée par les autorités britanniques. L’affaire Sergueï Skripal fait monter la pression, et le Royaume-Uni a sévi, mercredi 14 mars 2018.

La température tombe, « mais nous ne craignons pas le froid »

Face aux députés, Theresa May a réaffirmé que Moscou était coupable de l’empoisonnement de l’ex-agent russe et de sa fille à Salisbury, en Angleterre, début mars. En portant cette crise diplomatique devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York, le Royaume-Uni a également obtenu ce qu’il cherchait : non pas l’annonce de sanctions, car il sait que la Russie ne manquerait pas d’y opposer son veto, mais plutôt une démonstration de solidarité et la réprobation internationale de la Russie sans équivoque.

La Première ministre a tout de même parlé d’un usage illégal de la force par l’Etat russe contre le Royaume-Uni. Aussi, à Londres, commentateurs et médias s’accordent à dire que placée dans une position extrêmement difficile, elle a su trouver pour le moment une réplique appropriée. Car si les représailles annoncées paraissent très mesurées, symboliques, le gouvernement britannique sait que le Kremlin va répliquer à son tour, explique notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix. Il faudra alors aller plus loin dans les sanctions.

Mais les analystes estiment que tant que la solidarité internationale ne sera pas suivie d’actions concrètes, notamment de mesures pénalisant financièrement les oligarques multimillionnaires proches du président russe, le Kremlin ne changera pas de modus operandi. Ils en veulent pour preuve la désinvolture sur Twitter de l’ambassade de Russie à Londres. Sous la photo d’un thermomètre plongé dans la glace et qui indique « -23 », on peut lire : « La température des relations russo-britanniques tombe à -23 mais nous ne craignons pas le froid. »

« Nous ne parlerons la langue de l’ultimatum avec personne »

Après l’ultimatum posé par Theresa May, la diplomatie russe s’attendait à la réplique britannique, confirme notre correspondant à Moscou, Etienne Bouche. Elle proteste contre les sanctions, évoquant une « provocation grossière », des « mesures hostiles », et sans surprise, une « campagne anti-russe ». Pour la Russie, Londres a « fait le choix de confrontation » plutôt que celui de la coopération. « Bien évidemment, nos mesures de riposte ne se feront pas attendre », a fait savoir le ministère des Affaires étrangères.

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a indiqué mercredi soir à la télévision avoir bien reçu la liste des 23 diplomates russes renvoyés du Royaume-Uni. Elle a promis des « mesures symétriques, en totale adéquation avec la situation ». La Russie s’est également exprimée par l’intermédiaire de son ambassadeur aux Nations unies. Vassily Nebenzia a sèchement répondu à l’ultimatum de Londres : « Nous ne parlerons la langue de l’ultimatum avec personne », a-t-il dit devant le Conseil de sécurité.

Selon lui, l’ex-agent double Sergueï Skripal, toujours hospitalisé dans un état grave avec sa fille, est la victime idéale qui permet de justifier tout mensonge absurde et toute mauvaise publicité à l’égard de la Russie. Il a déclaré ceci : « Nous avions mis en garde plus d’une fois qu’une provocation de ce type pourrait se produire à la veille de grands événements. »

Il faisait bien sûr référence aussi à la présidentielle russe, qui se tiendra le 18 mars et qui pourrait offrir dès le premier tour un nouveau mandat à Vladimir Poutine au Kremlin.

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