La Première ministre britannique Theresa May a nommé lundi Sajid Javid au poste de ministre de l’Intérieur en  emplacement d’Amber Rudd, qui a démissionné dimanche, emportée par l’affaire « Windrush ». Ce scandale est relatif à la mauvaise gestion des dossiers de milliers de travailleurs venus des Antilles entre 1948 et 1971 et qualifiés à tort d’«immigrants illégaux». Sajid Javid, 48 ans, qui a occupé un poste de direction à la Deutsche Bank, était auparavant secrétaire au Logement.

Sajid Javid est le premier secrétaire d’Etat au Home Office issu d’une minorité ethnique. Jusqu’à présent en charge du logement et des communautés et lui-même fils d’un chauffeur de bus pakistanais arrivé au Royaume-Uni dans les années 60, rappelle notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix, Sajid Javid s’était beaucoup exprimé ces derniers jours sur le scandale des immigrés caribéens appartenant à la « génération Windrush ».

Derrière le choix de Theresa May de lui confier ce poste très exposé à la tête de l’Intérieur, il y a un double calcul : à la fois donner des gages aux immigrés de Windrush à qui Sajid Javid a promis de rétablir leurs droits et de les protéger mais la dirigeante a voulu aussi respecter le fragile équilibre entre ministres pro-et anti-Brexit au sein de son cabinet.

Sajid Javid

@sajidjavid

Very sad that Amber is leaving Government. A huge talent that will no doubt be back in Cabinet soon, helping to strengthen our great nation

Le test des élections locales

Theresa May peut espérer maintenant tirer un trait sur toute l’affaire de la « génération Windrush ». En tout cas, c’est clairement l’intention derrière le départ d’Amber Rudd qui en sautant sert de fusible pour la Première ministre, en réalité directement responsable d’une politique hostile aux immigrés quand elle était elle-même à la tête du ministère de l’Intérieur.

Theresa May s’est déjà excusée plusieurs fois ces dernières semaines pour le traitement subi par les citoyens d’origine caribéenne arrivés au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale et menacés d’expulsion. Mais les partis d’opposition estiment que ces immigrés tout à fait légaux sont victimes du climat délétère et de la « chasse aux clandestins » initiés par Theresa May depuis 2010.

La dirigeante se retrouve donc aujourd’hui en première ligne face aux critiques de ses détracteurs et à un moment sensible : des élections locales se déroulent jeudi et seront un test pour son gouvernement fragilisé par plusieurs démissions et alors que les négociations entre Londres et Bruxelles reprennent sur le Brexit.

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