«On m’a dit qu’il fallait prendre des photos avec des fusils pour les renvoyer à ma famille, pour les rassurer et leur dire que j’allais bien»

De façon imagée, il n’y a pas à chercher de midi à quatorze heures : Ibrahima Ly s’est défendu, hier, devant la Cour, avec une kalachnikov en main. En des termes plus clairs, même s’il nie être un terroriste encore moins un combattant de l’Etat islamique, il n’en demeure pas moins qu’il reconnait avoir pris des photos, avec des fusils, pour les renvoyer à sa famille. Tout comme le Franco-sénégalais, poursuivi par la justice sénégalaise pour association de malfaiteurs, en vue de commettre des actes terroristes, par menaces et apologie du terrorisme, accepte avoir tenu, dans une vidéo, des propos du genre : «j’ai dit, tuez les tous et envoyez les en enfer. J’étais prêt à tout pour sortir de cet enfer».

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Ibrahima Ly à qui les combattants de l’Etat Islamique ont donné le nom d’Abou Azham, s’est présenté à la barre comme une victime de son ignorance. Né en France et ayant grandi au Sénégal, le Franco-sénégalais affirme que son voyage en Syrie est lié à son envie de connaitre davantage les textes coraniques et la langue arabe. C’est là, dit-il, qu’une connaissance lui a proposé de l’amener, gratuitement, au pays de Bachar Al Assad.

«Les photos que vous voyez sont des photos réelles. Les manteaux, que j’ai vus, sont ceux que j’ai achetés. On m’a dit qu’il fallait prendre des photos avec des fusils pour les renvoyer à ma famille, pour les rassurer et leur dire que j’allais bien. J’ai compris qu’il fallait que je le fasse, pour sortir de cet enfer».

Cette personne, qui se nommerait Abdou Khadija, et qui serait de nationalité malienne, lui aurait confié que son frère se trouve au pays susmentionné. Sur ce, ils ont décidé de prendre la route, passant par plusieurs pays dont l’Allemagne et la Turquie. Seulement, arrivé sur place, le prévenu dit avoir été déçu par ce qu’il a trouvé sur place.

«C’est là que j’ai eu à tenir les propos cités dans l’ordonnance de renvoi. J’ai dit que je suis venu pour étudier. Ils m’ont dit qu’il n y a pas d’école, que tout a été détruit. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de partir», confesse-t-il.

 «Je ne suis pas un combattant de l’Etat islamique»

A en croire toujours le prévenu, les choses n’étaient pas, aussi, évidentes que cela. «Les photos que vous voyez sont des photos réelles. Les manteaux, que j’ai vus, sont ceux que j’ai achetés. On m’a dit qu’il fallait prendre des photos avec des fusils pour les renvoyer à ma famille, pour les rassurer et leur dire que j’allais bien. J’ai compris qu’il fallait que je le fasse, pour sortir de cet enfer. J’ai lutté, pour sortir de ce pays pour revenir ici», poursuit-il.

«J’ai dit, tuez les tous et envoyez les en enfer. J’étais prêt à tout pour sortir de cet enfer»

Le fait est qu’Ibrahima Ly a été aperçu dans une vidéo partagée sur la toile par l’Etat Islamique. Le juge et le Parquet lui ont rappelé qu’il a félicité les combattants de l’Etat Islamique, qui ont attaqué Charlie Hebdo. Les propos qu’il a tenus dans l’élément audiovisuel intriguent la cour. Le prévenu, lui-même, admet qu’il a dit : «tuez-les tous et envoyez-les en enfer».  Tout de même, il tient à préciser le contexte dans lequel il a eu tenir de tels propos : «une fois qu’on est arrivé à Rakka, des personnes m’ont demandé ce que je pensais des gens qui ont insulté le prophète. C’est là que j’ai eu à tenir les propos cités dans l’ordonnance de renvoi. J’étais prêt à tout pour sortir de cet enfer», assure-t-il.

Ibrahima Ly est accusé, notamment, en France d’avoir enrôlé 400 jeunes en France. Son jeune frère est, en outre, détenu pour des faits liés au terrorisme au pays de Marianne. D’après le juge, son frangin a laissé entendre devant les enquêteurs français que c’est son ainé qui l’a enrôlé dans les rangs de l’Etat Islamique. Le prévenu s’est porté en faux contre cette assertion. Il prétend aussi n’avoir pas tenu certains propos contenus dans l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction. L’affaire a été renvoyée, jusqu’à ce jeudi. Il reviendra aux avocats de faire leur plaidoirie et au Parquet de faire son réquisitoire.

Omar NDIAYE

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