Les enfants et la sempiternelle question de leur protection constituent l’idéal prétexte de notre introspection hebdomadaire. Introspection, puisqu’il ne s’agira pas de rechercher des responsables volatiles. C’est facile de situer l’enfer chez les autres. Et pour peu que cela puisse servir à trouver une solution rapide et durable, nous devons tourner notre regard sur nous-mêmes, faute de quoi, ce phénomène d’enlèvement restera ce qu’il est : une vulgaire actualité saisonnière.
Et c’est facile de huer le diable, quand les enfants, à longueur de journée, trainent dans les rues. La sécurité de ces enfants ne préoccupe, certainement, pas cette mère, qui, dès le lever du soleil, ouvre la porte, les pousse dehors et referme la porte, très satisfaite de son geste. C’est pour sa quiétude qu’elle vient de risquer la sécurité de ses enfants. Ce petit geste, plein de symbole, se répète, tous les jours, jusqu’à ce qu’un individu psychopathe passe dans les parages et en emportent un, puis deux, puis trois…et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on ait un nombre assez critique, pour que le phénomène passe en actualité nationale. A-t-il besoin de chercher longtemps, pour trouver des enfants à enlever. La population sénégalaise est jeune, on le sait, des enfants, ce n’est pas ce qui manque, des talibés, il n’y a pas une heure où on n’en croise pas. S’il cherche des personnes à revendre comme esclave ou du sang à offrir en sacrifice, point besoin d’entrer dans les foyers, les rues offrent des enfants en nombre suffisant.
Un enfant est un trésor de la société ; une graine arrosée à l’eau des valeurs sociétales et de la morale collective. Il appartient à chacun et à tous. En cela, la société est débitrice d’une obligation de protection. Un enfant, qui ne va pas à l’école, qui ne bénéficie pas d’une éducation, n’est pas un danger pour ses seuls parents. S’il devient un adulte psychopathe et s’adonne à des actes de pédophilie ou se rende coupable d’autres ignominies, ces parents ne seront pas les seuls inquiétés. Ce serait un mal moindre, ce serait, certes, triste, mais un peu logique que ceux qui ont failli à leurs devoirs se retrouvent sanctionner à leur tour. Mais il n’en est pas ainsi.
Il convient d’en conclure qu’à chaque fois que nous commettons un manquement dans l’éducation de nos enfants, nous enregistrons, à notre passif, un tort causé à la société.
C’est pourquoi, parallèlement à l’éducation fournie par les parents, une «éducation nationale» est donnée à tous les enfants de la Nation, à travers un programme qui épouse les valeurs religieuses et sociétales. Que ce soit l’école française ou les Daaras, l’essentiel est que l’enfant soit nourri de valeurs.
Il n’est pas dans notre intention d’établir une hiérarchie des écoles. Mais on ne peut résister à la force des faits. La protection et la préservation des enfants font des défauts dans l’un des deux systèmes. On le dira, sans craindre, les rappels à l’ordre des moralisateurs pro-coraniques. Le niveau d’exposition des enfants de la rue est juste effarant. Pardon ! Pas de comparaison entre écoles. Je veux parler des enfants. Si on ne peut pas s’indigner à haute voix, un peu de décence voudrait qu’on se garde d’attaquer sans cesse ceux qui essaient de changer les choses. Je sais qu’il n’en reste que quelques «petites gouttes» qui refusent de se laisser au découragement.
Deux fausses alertes du Gouvernement entre Wade et Macky, la souris est tranquillement sortie des flancs de la montagne. Les enfants sont revenus dans la rue. Il y a toujours des gens, qui vivent d’un système et qui le défendent corps et âmes. On dira que cette mesure vise à démanteler l’enseignement religieux, ceci est de la mauvaise foi. On dit, aussi, que ce sont des lobbies occidentaux, qui sont derrière ces mesures et qui veulent déstabiliser l’enseignement coranique : ceci est de la mauvaise foi. La réalité est toute autre et elle est simple. Elle se voit, sans microscope ; en ville comme ou en banlieue, des enfants se démènent comme de petits diables, pour nourrir un adulte assis à l’ombre. Les grandes avenues leur servent de classe. Ils ne connaissent ni sommeil, ni repos. Leur avenir ne pourra en rien récompenser toute cette pénibilité.
Et qu’attend-on ? De quoi a-t-on peur ? De représailles électorales ou de mauvais sort sur ce dirigeant téméraire. En tout cas, ce chantier me parait plus abordable que celui de l’émergence puisqu’il lui est préalable. Alors, qu’attend-on pour sécuriser les enfants et les préserver une bonne fois ?
Alioune FALL « af »