Décidément, la vie des enseignants est loin d’être un long fleuve tranquille. En effet, même après des décennies de bons et loyaux services dans les classes, les enseignants admis à faire valoir leurs droits à la retraite, broient du noir pour toucher leurs pensions.  Plus grave, selon les infos de SourceA, l’Administration sénégalaise leur impose de présenter un acte de radiation nécessaire pour la prise en compte du paiement au niveau du Ministère de la Fonction publique. Alors que, signalent des témoignages concordants des victimes collatérales du Système de Macky Sall, ce document nécessite l’obtention du dernier acte d’avancement et de la copie du premier ordre de service dans la Fonction publique. Deux papiers dont l’existence est incertaine, vu leur caractère ancien, car la quasi-totalité des fonctionnaires à la retraite concernés par ce problème ont pris service il y a plus de 30 ans pour certains et 38 ans pour d’autres. Oumar Wally Zoumarou, responsable syndical, joint par téléphone par SourceA qualifie de criminel le sort réservé à ces centaines de pères et mères de famille qui sont payés en monnaie de singe, après avoir servi leur Nation, durant des décennies.

Un autre coup dur porté au corps enseignant, encore en proie aux difficultés intarissables. Selon les informations de SourceA, les enseignants à la retraite ne parviennent toujours pas à toucher un seul centime de leurs pensions. Ce, depuis qu’ils sont allés à la retraite. Ils sont des centaines d’enseignants qui courent toujours derrière leur dû, sans que les autorités ne bougent le petit doigt. Leur histoire est si triste qu’après des décennies de durs et loyaux services pour leur pays, ces pères et mères de familles sont laissés à eux-mêmes.

 Après plus de 38 an de services, on me demande de fournir mon premier ordre de service.. »

 La situation est d’autant plus surréaliste que, d’après nos sources, l’Administration exige de ces retraités-là de présenter un acte de radiation permettant au Ministère de la Fonction publique de notifier au Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan l’autorisation de payer les pensions de retraite. Alors que, selon toujours les confidences faites à SourceA, l’obtention de ce papier est presque impossible. En effet, si l’on se fie à des témoignages concordants, le papier en question nécessite, au préalable, la possession  de la décision d’engagement (premier ordre de service) et le dernier acte d’engagement dans la Fonction publique. Alors que, nous souffle-t-on, «ces documents sont introuvables, vu l’inexistence d’archives ou des structures auparavant capables de les décerner». L’un de nos interlocuteurs explique qu’après 38 ans de service, l’Administration lui a imposé de présenter ces documents, alors que les structures censées en détenir les archives, n’existent plus ou sont logées dans la région du Sénégal oriental où il a débuté sa carrière d’enseignant. Conséquences, il est resté plusieurs mois sans percevoir son dû, faute de plan B. Autrement dit, en l’absence de ces documents attestant de son acte de retraite, la loi ne l’autorise pas à empocher son butin. Même complainte chez un autre retraité, qui dit être entré dans la Fonction publique, depuis 1990, pour ainsi dire qu’il lui est impossible ou presque de trouver ces papiers qui «certainement ont disparu». Ces lenteurs administratives concernent toute la Fonction publique.

«Le Directeur de l’Ecole Thileu est resté 7 mois sans pension…»

Pour, certainement, monter la véracité de ses propos, un de nos interlocuteurs confie que la situation touche presque tous les enseignants surtout ceux qui habitent les coins les plus reculés du pays. Pour la simple raison que ces derniers y ont passé les premiers instants de leurs carrières professionnelles. En exemple, il balance le nom du directeur de l’école de Thilieu dans le département de Linguère…qui serait resté plus de 7 mois sans toucher un seul sou de sa pension de retraite. Il n’est pas le seul, ajoute-t-il, non sans indiquer qu’en dehors de ces manquements, un autre problème s’y est rajoute. Celui du non-respect du rang des enseignants, au moment de les régulariser, pour les chanceux qui ont, au bout de plusieurs mois, commencé à toucher leur dû,. En d’autres termes, se désole l’un des retraités, il arrive que les enseignants, ayant plafonné, ne perçoivent que la moitié de leur pension de retraite, soit environ 100 mille francs, en lieu et place de plus de 250 mille francs.

Les Archives nationales comme dernier recours des retraités..

Devant de telles situations, une issue de secours est trouvée par certains chevaliers de la craie. Il s’agit d’aller aux Archives nationales pour trouver un papier attestant qu’on est bien fonctionnaire sénégalais. C’est en réalité de cela qu’il s’agit. Sinon quelle est la pertinence de ce document si ce n’est de permettre à ces anciens fonctionnaires de l’Etat de percevoir leur argent dument engrangé durant tant d’années de labeur. C’est, d’ailleurs, une idée partagée par nos interlocuteurs qui disent ne voir aucun intérêt à en arriver à ce stade qui consiste à trouver un rendez-vous pour les Archives nationales. «C’est à la limite inconcevable», a lancé l’un des vieux hommes outrés par leur sort. Pour montrer l’impertinence de se rabattre aux Archives nationales, les mutilés du régime de Macky Sall soutiennent qu’il n’est pas donné à n’importe qui de trouver un logement ou d’être hébergé à Dakar en attendant de régler ce genre de problème dont on n’est pas sûr de résoudre. C’est ce qui a poussé ces retraités à préconiser l’accélération du processus de dématérialisation des procédures administratives au Sénégal. Sans quoi, ils disent être certains que leurs difficultés s’amplifieront encore et encore avec le temps.

O.N, un enseignant dévoué, qui pendant de longues années, faisait les meilleurs résultats au CEPE et au Concours d’entrée en sixième à Ngap, puis à Ngom Dahra, comme Directeur de l’Ecole Pilote pour la mise en place du CEB et membre de l’Equipe Technique, est lui aussi victime collatérale des rigueurs auxquelles sont soumis les retraités. Surveillant général au Lycée Ex-CEM 1 de Dahra, durant plus de 10 ans, et Gestionnaire de cet établissement, un autre retraité, D.L ne sait plus à quel Etat se fier. Professeur de Math pendant plus de 30 ans dont une quinzaine comme Principal de Cem  qui, a construit, par la mobilisation communautaire, 4 salles de classes, grâce à une gestion efficiente, participative et transparente, il fait partie des retraités payés en monnaie de singe par la Nation.

Au moment où les ressources publiques sont englouties dans des futilités sinon dilapidées avec des surfacturations, des Directeurs et Principaux de Collèges ou Proviseurs, qui s’évertuent à améliorer l’environnement scolaire à travers une gestion transparente, efficiente des frais d’inscriptions jusqu’à construire des salles de classes, sont appelés à être jetés dans les oubliettes, blocs sanitaires, salle informatique.

Oumar Wally Zoumarou parle de crime dirigé contre les enseignants retraités

A Kadji, aussi, Papa Seck a réussi à construire et équiper une salle informatique, assurer la connexion internet pour une année avec le concours de la communauté des ressortissants), aménager des terrains de sports…..Mais lui aussi, a été payé en monnaie de singe par son pays.

Nos tentatives de joindre la Directrice des Ressources humaines du Ministère de l’Education nationale, pour recueillir la version des Services de Serigne Mbaye Thiam sont restées vaines. Joint par téléphone par SourceA, Oumar Wally Zoumarou, responsable syndical, se veut formel : le sort réservé à ces centaines de valeureux enseignants aujourd’hui à la retraite n’est ni plus ni moins qu’un crime. Aussi, dit-il à qui veut l’entendre que ces enseignants ne méritent pas pareil traitement de la Nation.

Aliou KANE

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