Le 8 mars, la femme est célébrée, partout, dans le monde. A cette occasion, votre journal SourceA a décidé de faire un focus sur certaines femmes, qui ont, souvent, la mémoire balafrée par une maladie et pas des moindres. Il s’agit de la fistule obstétricale, contractée par une partie de la gente féminine, en donnant la vie. Témoignage glacial d’une femme, dont ladite maladie a volé une bonne partie de son existence.
Chaque année, dans le monde, entre 50 000 et 100 000 femmes présentent une fistule obstétricale. En Afrique et en Asie, plus de 2 millions de jeunes femmes vivent avec des fistules obstétricales non traitées. Ces femmes vivent, le plus souvent, dans la pauvreté, au sein de cultures, où le statut et le respect de la femme reposent sur leur mariage et leur capacité à avoir des enfants. En plus de provoquer de graves problèmes de santé, une fistule obstétricale conduit, souvent, à l’isolement social des femmes atteintes. Car cette pathologie est qualifiée de honteuse par une large partie de la société. Ces femmes sont stigmatisées par leurs propres familles. Ainsi, le stress et la souffrance deviennent leur quotidien.
«J’avais une déchirure et la prise en charge faisait défaut, car j’ai accouché au village (Demankani). Je ne parvenais plus à contenir mes urines»
Maimouna Thiam, 35 ans, et mère de 4 enfants narrent sa mésaventure causée par cette maladie à votre quotidien. «Lors de mon dernier accouchement, c’est-à-dire en 2016, j’ai eu des complications. En effet, j’avais une déchirure et la prise en charge faisait défaut, car j’ai accouché au village (Demankani). Je ne parvenais plus à contenir mes urines. C’était une situation inconfortable pour moi. Je vis dans une grande famille, avec mes deux coépouses et leurs enfants. Tout le temps, je m’enfermais dans ma chambre. Petit à petit, je me repliais sur moi-même, car les gens me regardaient de façon bizarre, ils me fuyaient à la limite. Durant 9 mois, j’ai vécu ce mal.
Mais par la grâce de Dieu, mon époux, qui est un immigré, est revenu de voyage. Sachant que je vis des situations très difficiles dans mon propre foyer, il m’a amenée à Dakar. Et là, j’ai été suivie par un très bon gynécologue qui m’a redonné le moral et l’espoir de me réintégrer dans la société. J’étais constamment stressée, je croyais que mon époux allait me rejeter comme les autres membres de ma famille. Mais il m’a soutenu, moralement et financièrement pour que je guérisse. J’avais maigri, je dépérissais, je ne dormais plus.
«Sachant que je vis des situations très difficiles dans mon propre foyer, il m’a amenée à Dakar»
Néanmoins, avec mon désir de guérir pour mes enfants, j’ai suivi, correctement, mon traitement qui a duré quelques mois. Après mon intervention chirurgicale, je me suis débarrassée de cette maladie qui n’est pas mortelle, mais qui est trop handicapante pour nous, femmes, et mères», explique Maïmouna Thiam.
«Aux dames qui souffrent de cette maladie, à celles qui doivent supporter, au quotidien, leur rejet par la société, je dis de ne pas baisser les bras. Je leur conseille de ne pas se laisser abattre, d’être fortes, car cette maladie se guérit avec un bon traitement. Toutefois j’exhorte la société à être plus indulgente à l’égard de ces femmes qui souffrent de cette malade», dit Maïmouna Thiam. Qui renchérit : «je l’exhorte à comprendre que ça peut arriver à tout le monde, même si je ne le souhaite à personne. En ce jour de la femme, je rends hommage à toutes celles qui sont traumatisées par leur mise à l’écart, à ces femmes qui sont incomprises, à ces dames, qui ne souhaitent que le soutien de leurs proches pour sortir de cette impasse qui assombrit leurs journées».
Maguette Ndao