S’il y a une personne à qui la suppression du poste de Premier ministre va le plus servir, c’est bien le président de la République. Macky Sall, puisque c’est de lui qu’il s’agit, même s’il sera plus exposé, car n’ayant plus de Pm lui servant de bouclier, quand rien ne marche pas, il va devenir plus fort. Non seulement, il sera en contact direct avec ses ministres mais le gouvernement ne sera plus responsable devant l’Assemblée nationale. 
Bref, les parlementaires ne pourront plus contrôler la politique du gouvernement car il n’y aura plus de déclaration de politique générale. En outre, la motion de censure, la question de confiance, le pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République vont aussi disparaitre.
Si le Président de la République tient sa promesse, le Sénégal n’aura plus de Premier ministre, d’ici quelque temps. Une situation qui ne risque pas d’être sans conséquence. En effet, la suppression de ce poste dans l’attelage gouvernemental entrainera de facto le renforcement du régime présidentiel qui est déjà en vigueur dans ce pays. Il faut préciser, cependant, que nous avons précisément un régime présidentiel dénaturé.

D’ailleurs, l’application intégrale d’un régime présidentiel étant quasiment impossible, il faut qu’il y ait une passerelle entre les pouvoirs. A noter que, dans un régime présidentiel, la séparation des pouvoirs est rigide, la séparation est intense, aucun des pouvoir ne peut contrecarrer l’autre, il n’y a pas de collaboration entre les Pouvoirs.  C’est pour cette raison, que, dans beaucoup de pays ayant adopté ce système, les autorités ont trouvé des moyens pour une collaboration entre les Pouvoirs. C’est ainsi qu’aux Etats Unis, les membres du Gouvernement, les Traités internationaux doivent être approuvés par le Congrès.

Le Président la République, seul maître

Au Sénégal, on parle de régime présidentiel. Mais en réalité, nous avons un régime mixte, puisque nous avons à la fois des attributs du régime parlementaire et du régime présidentiel. Par exemple, le président est élu au suffrage universel, alors que, dans un régime parlementaire, le président n’est pas élu au suffrage universel. Aussi, nous avons un  Premier ministre qui est responsable devant le Parlement sans compter que le Gouvernement peut être renversé par le Parlement, au moment où le Premier ministre ou le président de la République peuvent dissoudre l’Assemblée nationale. Ces actions entre pouvoirs ne sont pas possibles, dans un régime présidentiel, où il n’y a pas de moyens d’actions réciproques entre les différents Pouvoirs : la motion de censure, la question de confiance, le pouvoir pour le président de la République de dissolution du parlement ne vont plus exister, le jour où le fauteuil de Dionne ne sera plus.

Plus aucun lien entre l’Exécutif et le Législatif

Le Sénégal se retrouve dans un régime présidentiel dénaturé ou régime parlementaire dénaturé, c’est selon,  avec une forte prépondérance  du pouvoir du président de la République. En tout état de cause, avec la suppression du poste du Premier ministre, annoncée par le chef de l’Etat,  nous serons carrément dans le régime présidentiel très proche de celui des Etats-unis d’Amérique. Bref, nous aurons un régime où le Parlement ne pourra rien faire contre le Gouvernement et le président de la République ne pourra rien faire contre le Parlement. En conséquence, personne ne sera responsable devant l’Assemblée nationale.

Les membres du Gouvernement vont rendre compte, directement, au président de la République, ils seront responsables devant lui. Le président de la République pourra traiter, directement, avec les ministres. Même s’il pouvait le faire avant, là, c’est de manière institutionnelle qu’il va le faire.

Macky Sall devient plus fort, plus chargé et plus exposé

L’autre conséquence de la suppression du poste de Premier ministre va, immédiatement, entrainer une surcharge de travail du président de la République. Macky Sall risque, en effet, d’être très chargé, puisqu’il sera en premier au front, il n’aura plus de bouclier pour lui. Du coup, il ne pourra plus compter que sur sa majorité à l’Assemblée nationale.

Cependant, il faut le reconnaitre, au plan pratique, il n’y aura pas beaucoup changements ; au contraire, le président Sall devient plus fort, car il n’a même plus besoin de mettre les formes pour prendre telle ou telle décision.

Seynabou FALL SourceA

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