L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a passé sa deuxième nuit réfugié au syndicat des métallurgistes à Sao Bernardo, dans la banlieue de São Paulo. Le juge anti-corruption Sergio Moro lui avait pourtant ordonné de se rendre à la justice, vendredi, dans l’après-midi. Lula, condamné à douze ans de prison pour corruption, reste entouré par ses militants.

Les avocats de Luiz Inacio da Silva ont négocié tout ce vendredi avec les autorités les conditions de l’arrestation du grand favori de l’élection présidentielle brésilienne d’octobre 2018 écrit notre correspondant à São Paulo, Martin Bernard. Et celui-ci ne s’est pas rendu à la police fédérale de Curitiba (sud), comme le lui avait demandé la justice.

Ce vendredi fut donc une longue journée d’attente. Au fur et à mesure, les militants ont investi la rue qui mène au syndicat des métallurgistes à Sao Bernardo, à tel point qu’il était très difficile de se déplacer dans les lieux. Les principaux leaders de la gauche et des mouvements sociaux se sont relayés au micro. On pensait que Lula lui-même allait prendre la parole, mais ce ne fut pas le cas.

A sa place, c’est la présidente du parti des Travailleurs, Gleisi Hoffmann, qui est venu confirmer que Lula resterait au syndicat, au moins jusqu’à samedi matin. Il y assiste à une messe en l’honneur de sa femme Maria Leticia, décédée l’an dernier. Et cette messe a lieu au sein même des locaux syndicaux.

Cordon autour de Lula

L’ambiance, au syndicat des métallurgistes, est finalement assez bon enfant. Il y a beaucoup de militants historiques, beaucoup de jeunes, beaucoup de femmes… Soit environ 8 000 personnes dans la rue. Suffisant pour établir un cordon autour de Lula, et de bloquer les accès au syndicat.

« C’est un jour très triste, confie à RFI Tadeu Dias, militant du Parti des travailleurs de la première heure. Un jour où l’on voit les institutions déchirer la Constitution, et s’en prendre à une histoire de luttes auxquelles ont participé plusieurs générations pour conquérir la démocratie. […] Aujourd’hui, on voit bien leur volonté de restreindre les droits démocratiques d’un leader comme Lula et de l’empêcher de participer à une nouvelle élection pour que le peuple puisse faire son choix. Cette agression fait mal à tout le monde ici. »

Certains prônent la désobéissance civile, d’autres se disent prêts à la confrontation si la police venait arrêter Lula. Ce qui est frappant, c’est que tout le monde circule librement au syndicat, y compris à l’intérieur du bâtiment. Il y a juste un contrôle des entrées au 2e étage, où Lula vient donc de passer sa deuxième nuit consécutive. La police fédérale de Sao Paulo n’a pas, pour l’instant, annoncé son intention de l’arrêter. L’arrestation par la force de celui qui faisait figure de favori pour la prochaine élection présidentielle pourrait en effet déclencher des affrontements.

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