L’affaire Ibrahima Ly, poursuivi pour actes terroristes, a été mis en délibéré, jusqu’au 9 Avril prochain. Le Parquet a requis une peine de travaux forcés à perpétuité. Il pense même que le retour au Sénégal du prévenu ne serait pas étranger à une envie de commettre des attentats.

Quant à la défense, elle demande l’acquittement. Le prévenu, lui, dit s’en remettre à la sagesse du Tribunal, pour ne pas être sacrifié. Au juge, il fera cette dernière déclaration : «j’ai confiance en vous. Je sais que vous n’allez pas me sacrifier».

Le Procureur Ali Ciré Ndiaye est convaincu de la culpabilité d’Ibrahima Ly. Pour lui, le prévenu a  bel et bien intégré les rangs de l’organisation Etat Islamique. Il en veut pour preuve le fait que le présumé djihadiste soit allé dans la ville de Rakka, capitale autoproclamée de l’Etat Islamique. A titre de rappel, le Parquet a attiré l’attention de la Cour sur le fait que ce bastion de Daesch avait une place célèbre rebaptisée rond-point de l’enfer. L’organisation s’en servait, pour décapiter ses prisonniers.

Le Procureur : «Ibrahima Ly reconnait avoir eu comme nom de guerre Abou Azham. Un nom de guerre, on l’a parce qu’on est en guerre. C’est un nom assez révélateur. A force de creuser, j’ai pu découvrir que le nom renvoyait à un Palestinien qui avait combattu les Russes en Afghanistan»

«Au titre des éléments constitutifs, il ne suffisait pas d’avoir un projet. Il devait y avoir un but. Il a demandé à ce que les personnes, qui ont insulté le Prophète soient envoyées en enfer. C’est de l’intimidation. Il reconnait avoir eu comme nom de guerre Abou Azham. Un nom de guerre, on l’a parce qu’on est en guerre. C’est un nom assez révélateur. A force de creuser, j’ai pu découvrir que le nom renvoyait à un Palestinien qui avait combattu les Russes en Afghanistan. C’est cette personne mythique, qui a été l’un des précurseurs du Djihad. Parmi ses multiples citations, il disait que le Djihad lui avait permis d’apprendre que l’Islam était un arbre qui ne se nourrissait que par le sang», a plaidé le Maître des poursuites.

Le Procureur : «en réalité, dans l’idéologie des combattants, il y a une entité, qui organise le retour pour en faire une véritable arme»

Poursuivant son argumentaire, le Procureur explique que le projet d’Ibrahima Ly devait d’être en relation avec une entreprise terroriste. A l’en croire, le lien de causalité est établi. Ce lien, «il (Ndlr : Ibrahima Ly) l’a eu avec son compagnon de voyage, qui lui a demandé de rejoindre son frère, qui était, déjà, dans les rangs de l’organisation Etat Islamique. Nous estimons que le crime de terrorisme, en relation avec une entreprise individuelle, est constitué. Il n’a jamais été contraint pour quoi que ce soit. En réalité, dans l’idéologie des combattants, il y a une entité, qui organise le retour pour en faire une véritable arme», prévient le Ministère public. Pour étayer ses propos, le Parquet s’en remet aux déclarations qui ont été faites par le frère germain d’Ibrahima Ly, en l’occurrence Mansour Ly. Ce dernier a, dit-il, soutenu devant le magistrat instructeur du Tribunal de grande instance de Paris que «son frère était d’accord avec les égorgements, auxquels procédaient les combattants de l’Etat Islamique. En France, il a eu à travailler dans une Agence de sécurité. Parmi les projets qui ont été chez lui, il y avait la constitution d’une Agence de sécurité» Ainsi, d’après le Procureur Ali Ciré Ndiaye, les faits reprochés au Franco-sénégalais, à savoir association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes, menaces et apologie du terrorisme, sont constitués. C’est dans ce cadre qu’il a requis contre Ibrahima Ly une peine de travaux forcés à perpétuité.

«Son frère était d’accord avec les égorgements, auxquels procédaient les combattants de l’Etat Islamique. En France, il a eu à travailler dans une Agence de sécurité. Parmi les projets qui ont été chez lui, il y avait la constitution d’une Agence de sécurité»

Les accusations du Procureur ont été balayées d’un revers de main par la défense. Me Daouda Kâ affirme que le seul élément trouvé contre son client est la vidéo ; que ce dernier n’a posé aucun acte au Sénégal de nature à le compromettre. Il renseigne que le présumé terroriste a été cueilli chez lui, une semaine après sa venue au Sénégal. Par conséquent, la défense a demandé son acquittement.

Ibrahima Ly au juge: «j’ai confiance en vous. Je sais que vous n’allez pas me sacrifier»

Le concerné, avant le délibéré des juges, a tenu à faire une dernière déclaration. Après avoir réitéré à la barre les raisons, qui l’ont amené à se déplacer en Syrie, il rappelle s’être «rendu, tout seul, à la Police pour expliquer ce qui s’est passé en Syrie». Enfin, Ibrahima Ly dit s’en remettre à la sagesse du Tribunal. «J’ai confiance en vous. Je sais que vous n’allez pas me sacrifier. Cela a été très difficile pour moi de sortir de ce pays. J’avais  l’espoir de retrouver ma famille et mes marabouts», dit-il.

Tout au long des débats le nom de Thierno Mansour Barro a été évoqué. Ibrahima Ly a eu à apprendre le Coran chez l’érudit. Le juge pense même que, connaissant l’homme de Dieu, le prévenu aurait pu se faire de ses enseignements. Ibrahima Ly a, par ailleurs, cité la famille d’El Hadji Oumar Foutiyou comme faisant partie de ses références.

Le verdict du procès sera connu, le 9 avril prochain. En sus de cette affaire, la Chambre criminelle va, aussi, procéder au jugement de l’affaire Imam Ndao et Cie, à la même date.

Omar NDIAYE  

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