La démission d’Ibrahima Dème de la Magistrature est diversement interprétée par le Sénégalais lambda. Les points de vue des citoyens, qui ont bien voulu se prêter à l’exercice de questions-réponses auquel les a soumis SourceA, convergent sur un fait : la nécessité pour la justice de notre pays de se débarrasser de son étiquette de bras armé du Pouvoir.

Ce mardi matin, les supputations allaient bon train, concernant la démission, la veille, d’Ibrahima Dème de la Magistrature. Pour bon nombre de Sénégalais, le magistrat démissionnaire est un modèle. L’ancien Avocat général est vu comme  »un éminent magistrat, une personne de référence, qui pouvait faire fonctionner et amener une équité dans la justice sénégalaise». Mamadou Ndour, Professeur à l’Université Dakar Bourguiba, pense même que l’attitude du jeune Procureur est révélatrice. Il en déduit qu’il y a «un malaise dans la justice sénégalaise». Cet état de fait est le résultat, dit-il, «d’un manque d’indépendance de la justice vis à vis du pouvoir exécutif. On a vu beaucoup de cas où on a une justice à double vitesse. C’est-à dire ceux qui sont avec le pouvoir, n’ont aucune crainte par rapport à la justice.  Tandis que pour les opposants, tel n’est pas le cas. On note aussi un manque d’équité. Alors qu’un pays ne peut pas marcher, sans une justice équitable. Or, toute personne, qui n’est pas en règle, doit être inquiétée», insiste-t-il.

Mamadou Ndour regrette le fait que «beaucoup d’hommes politiques proches du Pouvoir, qui sont épinglés par la Cour des Comptes, continuent de vaquer librement à leurs occupations».

Cet autre Sénégalais du nom d’Abdoulaye Diop embouche la même trompette. Le Sieur a été trouvé devant une Banque de la place. Le moins que l’on puisse dire est que la justice sénégalaise ne lui inspire aucun respect. Au contraire, il dit n’avoir aucun «rapport avec celle-ci». Plutôt que d’épiloguer sur l’attitude qu’il est censée avoir, il préfère plutôt donner son avis «sur le comportement qui est attendu du Pouvoir exécutif. Il  invite celui-ci à se concentrer sur l’essentiel, au lieu d’essayer de manipuler la justice». Celle-ci est vue par notre interlocuteur comme «une victime des agissements des autorités». Malgré tout, Abdoulaye Diop estime que «les magistrats ont droit au respect, dû à leur rang, parce que n’étant pas n’importe qui». Journaliste de son état, Korka veut, elle, attirer l’attention des Sénégalais sur les conséquences qu’une manipulation de la justice pourrait avoir. Notre consœur, qui travaille à  la radio Convergence FM, pense que, «pour avoir une justice indépendante, Il faut d’abord consulter les textes et réformer les lois, qui régissent les magistrats». De l’avis de la jeune reporter, «avant de parler d’une quelconque indépendance vis-à-vis de l’Exécutif, les magistrats doivent arrêter de dépendre du Gouvernement». Le cas contraire, Korka croit qu’un tel fait pourrait décourager «les étudiants qui aspirent à être des juristes».

Il ressort de ces différentes réactions que ce n’est pas la justice, dans sa globalité,  qui est  décriée. En réalité, nos interlocuteurs fustigent l’immixtion du Pouvoir exécutif dans les dossiers sensibles. Ce qui, d’après eux, contribue à renvoyer une image négative de la justice.

Koura Ka et Mansour Sylla (Stagiaires)

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