Suspendu à cause d’une erreur matérielle, le procès de l’Imam Aliou Ndao et Cie a repris, hier matin, à la Salle 4 du Tribunal de grande instance de Dakar. Les prévenus, au nombre de trente deux,  sont poursuivis notamment pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes, financement du terrorisme, entre autres. il est ressorti des investigations menées par les enquêteurs qu’il était prévu la mise sur pied d’un Etat Islamique entre le Sénégal, les deux Guinées et la Gambie. En outre, d’après les bonnes feuilles de l’ordonnance de renvoi, le Sénégal est passé tout près d’une guerre entre Hibadu et les confréries religieuses.

Ce n’est pas tous les jours qu’autant de prévenus sont jugés, en même temps, pour des faits liés au terrorisme. Pas moins de trente deux personnes sont inculpées dans cette affaire. Il s’agit de l’Imam Aliou Ndao, Saliou Ndiaye, Coumba Niang, Amie Sall, Alioune Badara Sall, Marième Sow, Daouda Dieng, Makhtar Diohané, Moussa Aw, Oumar Yaffa, Ismaïla Ndiaye, X devenu Latyr Niang, Ibrahima Anne, X devenu Moustapha Diatta, X devenu Alpha Diallo, X devenu Mamadou Moustapha Mbaye, X devenu Oumar Keita, x devenu Lamine Coulibaly, X devenu Mouhamadou Ndiaye, X devenu Boubacar Decoll Ndiaye, X devenu Mor Mbaye Dème, X devenu Mouhamadou Seck, X devenu Ibrahima Mballo, X devenu Cheikh Ibrahima Ba,X devenu Pape Kibily Coulibaly, X devenu El Hadji Mamadou Ba, X devenu Ibrahima Ndiaye, X devenu Abdou Akim Mbacké Bao, X devenu Ibrahima Diallo, X devenu Abdou Aziz Dia, Mouhamadou Lamine, Abou Diallo. Il est ressorti des investigations que deux mondes séparent l’Islam pratiqué au Sénégal d’avec celui des prévenus. Certains parmi eux ont révélé aux enquêteurs les visées de l’organisation Etat islamique au Sénégal.

Le Sénégal, les deux Guinées et la Gambie ciblés par les terroristes

Sur la liste des accusés, ceux, qui attirent le plus l’attention, sont l’Imam Alioune Badara et Makhtar Diokhané. Selon le dernier nommé, l’Organisation Etat Islamique avait planifié l’instauration d’un Etat Islamique, qui engloberait les deux Guinées, le Sénégal et la Gambie comme point de départ. Il est ressorti des dires de Makhtar Diohané, devant les enquêteurs, que les terroristes  voulaient profiter de l’horizon 2016/2017, pour commettre un coup d’Etat en Gambie. A ce titre, il a spécifié les modes opératoires utilisés comme à l’accoutumée et envisagés dans le cas d’espèce, à travers les méthodes suivantes : attentats suicides, attaque des casernes militaires, et destruction des bâtiments administratifs et des banques, attaque menée par une équipe réduite comme en Côte d’Ivoire, occupation du terrain où des surfaces convoitées, peut-on lire dans l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction. S’agissant du projet de «Djihad» au Sénégal, il déclarait, néanmoins, se démarquer de toute idée de mener un combat violent contre son pays.

Rixe entre Mourides et Hibadu  évitée de justesse

Makhtar Diokhané a, aussi, expliqué aux enquêteurs que la création de son Mouvement «Sunniste» était faite, pour riposter avec ses deux élèves Ibrahima Dieng et Ibrahima Camara aux attaques survenues à Diourbel, en 2012 et commises par des talibés mourides contre la mosquée de l’Imam Abdou Karim Ndour. Dans ce même ordre d’idées, il avait contacté, ensemble et de concert avec Imam Moussa Mbaye de Mbambilor, le Docteur Mohamed Lo du Mouvement ISTIQAMA sur le principe d’aller soutenir seulement leur camarade Imam Abdou Karim Ndour, alors qu’un de ses gardes du corps dénommé Ahmad (sans autres précisions) avait mis sur pied une Association sportive pour la promotion des Arts Martiaux (ASPA) dont l’objectif était de se défendre contre toute forme d’agression physique.

Ce faisant, il expliquait avoir côtoyé son guide spirituel, l’Imam Alioune Ndao, dit Aliou Ndao, depuis sa tendre enfance, au point qu’il en fait son Conseiller spécial, informé de tous ses projets et d’ailleurs, c’est dans ces circonstances qu’il lui avait recommandé «l’Imam» Oustach Alioune Badara Sall à qui il avait remis la somme de 18 500 euros (soit la somme de douze millions cent dix-sept mille cinq cent francs Cfa : 12 117 5000 F Cfa) destinés à la construction d’un «Daara» à Keur Ndiaye Lo/ Rufisque.

Sur l’origine de cette somme, il expliquait qu’elle provient d’un don de 65 000 euros (soit la somme de quarante-deux millions cinq cent soixante-quinze mille francs Cfa : 42 575 000 F) de Mouhamed Diop dit Moustapha (Abu Hatem) qui, revenait de l’Arabie Saoudite et que ses épouses Coumba Niang et Amy Sall informées de son projet de mettre en branle ce mouvement de riposte lui soutiennent dans sa démarche.

 Auparavant, des réunions, diners-débats et séminaires sur l’opposition idéologique sur le «Takfir» et le «Djihad» entre DAWILA (Daesh) et le front AL NOSRA (Al quaïda) avaient été tenus respectivement à Rosso, à Richard-Toll et à PETIT-MBAO sur un financement exclusif de six cents euros (600 euros, soit 393 000 F Cfa) de Mouhamed Diop dit Moustapha, de son ami un Cheikh Saoudien à hauteur de mille euros (8000 euros soit 5 2490 000 F Cfa) et huit millions de francs Cfa (8000 000 F Cfa) en deux tranches de trois et cinq millions chacune en octobre 2014 et d’un autre Saoudien basé en Syrie répondant au nom d’Abou SOUHAIB.

Il avait expliqué sa non-participation à la réunion tenue au Lac Rose par les nommés Assane Diène, Ibrahima Ba (ZAID Ba) et d’autres personnes, à son insu, par un malentendu avec son «bailleur de fonds» Mouhamed Diop dit Moustapha (Abu HATEM) sur la destination finale des soixante-cinq mille euros (65 000 euros soit, la somme de 42 575 000 FCFA) au moment où le groupe avait envisagé de l’exclure en ce qu’il ne partageait pas leur point de vue sur le «Takfir» à l’exception, toutefois, de l’Imam Moussa Mbaye, qui, était l’une des rares personnes à savoir l’objectif principal de ce regroupement des sunnites prêt à faire face aux attaques de confréries.

Le cas d’Imam Aliou Ndao

Les enquêteurs se sont, aussi, intéressés au personnage de l’Imam Aliou Ndao notamment, les rapports qui le lient à ses co-prévenus. Alioune Ndao a fait savoir qu’il ne connait que les nommés Saliou Ndiaye, alias Baye Zal di alikh, son voisin à Kaolack ayant souvent l’habitude de lui envoyer des colis venant de ses partenaires, ainsi que les frais scolaires de ses jeunes frères inscrits dans son internat, Ibrahima Hann, Ibrahima Diallo alias Abu Omar, Amie Sall Diokhané, alias Amie Ndiaye, Makhtar Diokhane et Coumba Niang Diokhané qui étaient venus recueillir ses conseils, lorsque son mari avait été arrêté au Niger, tout en lui faisant savoir, contrairement à ses déclarations à l’enquête préliminaire, qu’elle avait remis, sur instruction de son époux, la somme de quinze millions de francs Cfa (15 000 000 F Cfa) à Ibrahima Diallo, alias Abu Omar. L’Imam Aliou Ndao a déclaré qu’après avoir réussi à mémoriser le Coran et acquis un savoir islamique en Mauritanie, son ancien pensionnaire Makhtar Diokhané lui a fait parvenir, par mail et ensuite par le biais de son second au Daara du nom d’Abdoulaye Ndao, en format papier en 2014, un livre en trois parties : allégeance-ignorance est-elle une excuse pour le musulman- Jihad sous toutes ses formes (Physique, financier, savoir) aux fins d’approbation, avis et corrections. Sur ce point précis, il a déclaré que s’il avait l’occasion de le rencontrer, il lui aurait conseillé d’abdiquer la forme physique du Djihad liée certainement à son manque de maturité et d’informations sur les réelles motivations qui sous-tendent le Djihad des autres, à qui tout musulman doit apporter soutien.

Concernant les documents, vidéos, montrant l’armement lourd, les décapitations des mécréants, la défense anti-aérienne, endoctrinement des enfants de bas-âge entre autres, la destruction des symboles du christianisme et objets trouvés à son domicile lors de la perquisition, à l’exception du courriel envoyé par Saliou Ndiaye, alias Salikh ou Baye Zal faisant l’éloge d’Ossama Ben Laden, lui appartiennent, au motif qu’en tant qu’animateur de conférence, il devrait être au diapason de ce qui se passe dans l’Etat islamique, à Boko Haram et ailleurs pour en extraire les «bons points». Seulement, les perquisitions ont permis, par ailleurs, de découvrir au domicile du maitre coranique des armes. Alors que le concerné ne dispose pas d’une autorisation administrative.

Les avocats de la défense plaident l’annulation de la procédure. Ils pensent que celle-ci n’est pas régulière, vu que l’ordonnance de renvoi a été modifiée, pour y inclure les noms d’Alpha Diallo et Mohamed Mballo. L’audience a été suspendue pour reprendre aujourd’hui à 9H.

Omar NDIAYE

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