Des révélations de nature à glacer le sang de plus d’un, on en a entendu à gogo, hier, au procès de l’Imam Ndao et ses 31 co-accusés. En effet, entre«je suis allé au Mali pour faire le Jihad, on m’a formé sur l’utilisation du AK47, l’utilisation de la grenade. Ma spécialité, c’est le Ak47 ; j’ai également fait une formation en explosifs et  on m’a juste expliqué, brièvement, comment on fait exploser un bâtiment, ceux qui ont assisté aux débats d’audience ont été parcourus de frissons, en écoutant les présumés terroristes. Et ceci n’a rien à voir avec les fracassantes révélations de Coumba Niang, épouse de Matar Diokhané et de Abdoul Hakim Mbacké Bao.

Lorsqu’ils ont commencé à la claquer grave, plus d’un ont été parcourus de frissons par les révélations des présumés terroristes, et pour cause. A la barre, l’accusée Coumba Niang, de surcroit, «caissière» du Groupe, a plaidé non coupable sur les chefs d’accusation d’acte de terrorisme, association de malfaiteurs, financement du terrorisme, blanchiment d’argent. Néanmoins, elle a pris la peine de retracer le film de son arrestation en 2015. «J’avais perdu ma carte d’identité nationale. Je suis allée le déclarer à la radio. Le lendemain, je suis allée faire une déclaration de perte à la police. C’est par la suite que je suis partie à la Mairie pour récupérer mon bulletin de naissance. C’est dans la soirée que les limiers m’ont interpellée dans la maison où j’ai passé mon enfance», a-t-elle confié. A l’en croire, avant même son arrestation, elle avait soupçonné que quelqu’un la suivait. Un jour, revenant de Kaolack, de chez Imam Ndao, où elle s’était rendue avec sa coépouse pour une visite amicale à Ramata Ba, elle a soupçonné qu’elles étaient suivies par un individu. En effet, elle a expliqué que le jour où Ibrahima Diallo, alias Abu Omar, l’a informée de l’arrestation de Matar Diokhané, elle était sur le chemin de Kaolack avec sa coépouse pour rendre visite à une amie, qui se nomme Rama Ba chez Imam Ndao. « Celle-ci se soignait chez Imam Ndao», a-t-elle précisé. Ayant vu l’imam Ndao, une fois à Guédiawaye, lors d’une conférence, Coumba Niang déclare qu’elle a été présentée à celui-ci par sa femme, qui n’est personne d’autre que la tante de Ramata Ba. «On a été présentée à Imam par son épouse. Celle-ci lui dit que nous sommes des épouses de Matar Diokhané. Quand Imam a demandé de ses nouvelles, nous lui avons dit que Matar était arrêté au Niger», a-t-elle révélé.

Par ailleurs, elle atteste qu’elle est retournée à Kaolack, une nouvelle fois, pour rendre visite à Abu Wahab, le fils que Matar a eu avec sa troisième épouse. Et «là-bas, «j’ai confié à Imam Ndao mon souhait de me rendre au Niger pour soutenir mon époux. Et il m’a déconseillée de le faire». Toujours dans ses déclarations, la jeune dame de 34 ans a confié que, depuis le Niger, Matar Diokhané l’a appelée pour lui demander de remettre à un certain Aboubakry Guèye la somme de 500 euros.

Communication avec Ibrahima Diallo, alias Abu Omar

La seule fois que j’ai communiqué avec Ibrahima Diallo, via télégramme, c’était quand il me demandait ce qui restait de l’argent, que m’avait remis Matar. En outre, je lui ai remis, d’abord, 27 billets de 500 euros et il m’a dit que cette somme était insuffisante. «C’est ainsi que je lui remis 17 billets de 500 euros. Je ne voulais plus que cet argent soit en ma possession», dit-elle. Sur l’origine de l’argent que lui avait remis son époux, Coumba Niang a persisté à dire qu’elle l’ignore. Toutefois, elle a affirmé que son mari l’a rassurée sur la licéité de cet argent. «Matar m’avait fait part de son projet qui consistait à construire une maison plus un daara», a-t-elle indiqué.

Rapport avec Boubacar Mamadou

Coumba Niang, qui avait affirmé ne pas connaitre Alioune Guèye, a jugé nécessaire de revenir sur ses propos devant le fait accompli. Surtout, quand le Procureur de la République l’a mise au courant que l’exploitation de son téléphone a permis aux enquêteurs de se rendre compte, en effet, qu’elle a reçu plusieurs appels de Boubacar Mamadou. C’est ainsi qu’elle a affirmé que celui-ci est l’avocat de Diokhané. Elle a, également, reconnu que Alioune Guèye était l’époux de Ramata Ba. Celui-ci est décédé, en Libye, alors qu’il faisait le Jihad là-bas.

 

Abdoul Hakim Mbacké Bao : «je suis allé au Mali pour faire le Jihad. On m’a formé sur l’utilisation du AK47, l’utilisation de la grenade. Ma spécialité, c’est le Ak47. J’ai également fait une Formation en explosif»

Pour sa part, l’accusé Abdoul Hakim Mbacké Bao, 30 ans, a fait la déclaration choc. En effet, l’accusé, qui s’est dit surpris par les faits qui lui sont reprochés, a finalement reconnu leur quasi-totalité. Arrêté au Burkina Faso, alors qu’il venait de quitter le Nord du Mali, Abdoul Hakim a révélé qu’il a côtoyé les rebelles de l’Aqmi par accident. Selon lui, c’est en voulant se faire beaucoup d’argent, qu’il a suivi le conseil de Saliou Ndiaye, dit Baye Zale, qui était de se rendre au Mali auprès des rebelles. Et là-bas, il avait la latitude d’apprendre, largement, la Souna dans le vrai sens du terme. Hakim, qui avait déclaré, lors de l’instruction, s’être rendu au Nord Mali, pour faire le Jihad, a déclaré n’avoir jamais tenu de tels propos. Avant de dire : «j’avais mal compris la question du juge». «Il a exagéré sur les termes », martèle-t-il.

Toujours, dans sa narration, il affirme : «au niveau du camp, les gens croyaient que j’étais un espion, car j’avais deux pièces d’identité.Ils ont cru que j’étais un espion, ils n’avaient pas confiance en moi. C’est la raison, pour laquelle j’ai souffert là-bas. Pour sauver ma peau, je me suis fié à leurs désirs, en acceptant de faire la formation de combattant».

Toujours dans l’instruction, l’accusé avait déclaré : «je suis allé au Mali pour faire le Jihad. On m’a formé sur l’utilisation du AK47, l’utilisation de la grenade. Ma spécialité, c’est le Ak47. J’ai, également, fait une formation en explosif», ce que l’accusé a reconnu à la barre même s’il persistait qu’il n’a pas était formé dans la fabrication d’explosif. «J’ai été initié», répétait-il.

«Les explosifs récupérés de l’Armée sont mis en détail, pour en faire d’autres façons d’explosifs. Je ne suis pas spécialiste en explosifs», a-t-il expliqué. Avant de poursuivre : «je ne suis pas un professionnel, on m’a juste expliqué, brièvement, comment on fait exploser un bâtiment. Il faut utiliser un produit nitrate d’ammonium, le gasoil, mélangé avec du pétrole. Il y a un autre produit plus fort. C’est ce produit qui occasionne l’explosion.

«Je ne suis pas un professionnel, on m’a juste expliqué, brièvement, comment on fait exploser un bâtiment. Il faut utiliser un produit nitrate d’ammonium, le gasoil, mélangé avec du pétrole»

Des révélations de nature à glacer le sang de plus d’un, on en a entendu assez.Car, toujours dans sa narration, «la combinaison du nitrate d’ammonium du gasoil et du liquide jaune permet de piéger les véhicules. Avec le TNT, une petite quantité pour les véhicules légers et une grande quantité pour les véhicules de militaires.

S’agissant des candidats au suicide, ils portaient des gilets remplis d’explosifs remplis de ce produit jaunâtre. Je n’ai jamais fabriqué un gilet explosif.  Pour faire exploser un bâtiment, c’est cette même dose, qui est utilisée», a-t-il lancé.

L’homme, qui avait déclaré, lors de l’instruction, qu’il avait intégré Aqmi, à cause des prêches d’Imam Ndao, a battu en brèche toutes ces déclarations. Il persiste à dire qu’il a rejoint les rebelles, uniquement, pour se faire de l’argent. L’accusé a reconnu, par ailleurs, qu’il était l’adjoint du chef de Section et qu’il a formé une quarantaine de détenus.

Maguette NDAO

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