Le dossier d’Imam Alioune Badara Ndao et Cie, poursuivis pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, a été renvoyé jusqu’au 9 avril par le juge Samba Kane. Cette décision est  consécutive à une demande formulée par le Parquet. Le Procureur Ali Ciré Ndiaye a remarqué que parmi les 32 prévenus, deux manquaient à l’appel, ce mercredi 14 mars 2018.

Un nouveau chapitre s’est ouvert, ce mercredi 14 mars 2018, à la Salle 4 du tribunal de grande instance de Dakar. Parmi les trois dossiers, qui étaient inscrits au rôle, tous liés à des poursuites pour terrorisme, l’affaire de l’Imam Ndao est celle qui cristallisait le plus les passions.  Alioune Badara Ndao et Cie sont poursuivis notamment pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Sur la longue liste des prévenus, deux ne se sont pas présentés, ce mercredi, devant le juge. Il s’agit d’Alpha Diallo et Mamadou Lamine Mballo, alias Abou Zilkifli. C’est la raison pour laquelle, le Parquet a demandé le renvoi de l’affaire à une date ultérieure «pour solliciter du magistrat-instructeur pour la régulation de son ordonnance».

Les Avocats de la défense se sont opposés à cette demande de renvoi. Au motif que, selon eux, la requête du Procureur n’a pas de base légale. Pour Me Assane Dioma Ndiaye, le danger de ces procédures dites spéciales est qu’on invente des règles nouvelles. Il pense même qu’on ne peut plus changer l’ordonnance de renvoi. Sur ces entrefaites, le juge a décidé de suspendre l’audience histoire de recueillir l’avis de ses assesseurs. Finalement, le Président de la Cour a décidé de donner une suite favorable à la requête du Parquet.

Imam Ndao lance «Assalamou Aleykoum Wa Rahmatoulah ; le public répond, «Waleykoum Salam» et le juge menace de vider la Salle

Ce matin, vers les coups de 10 heures, Alioune Badara Ndao a été le premier à avoir été appelé à la barre par le juge. Vêtu d’un boubou blanc, la tête couverte d’un foulard de la même couleur,  le marabout décide de saluer l’assistance : «Assalamou Aleykoum Wa Rahmatoulah». «Waleykoum Salam», répond le public. Le juge, avant de citer les noms des autres prévenus, fait remarquer qu’on «n’est pas dans un meeting politique». Il menace même «de vider la salle», s’il entend une fois de plus ce type de vacarme. Le message est destiné au public, venu très nombreux.

A l’image des inculpés, la plupart portent des habits traditionnels. Ceux qui n’ont pas été autorisés  dans la Salle d’audience, tiennent, à leur manière, à manifester leur soutien aux inculpés. L’un d’eux a été trouvé assis à même le sol devant une grille qui se trouve à quelques mètres de la porte d’entrée de la salle 4 du tribunal. Triste et désemparé, l’individu est contraint par les forces de l’ordre à changer d’emplacement.

Un proche d’Imam Ndao tombe en transe : «que les accusateurs exposent les faits qui lui sont reprochés sur la place publique»

Certains inconditionnels  de l’Imam Ndao, qui ont eu la chance de franchir la porte de la salle d’audience, ruminaient, pendant ce temps, leur colère. «Que les accusateurs exposent les faits qui lui sont reprochés sur la place publique», s’exclame l’un d’eux. D’autres ne pouvaient se retenir de pleurer. La majeure partie du public, composée de demoiselles et de dames présentes à l’audience, étaient voilées et portaient une djellaba.

Le doigt sur la gâchette de la mitraillette

Pour leur part, les conseils des prévenus ont estimé que leurs clients n’ont pas besoin d’être menottés.  Finalement, le juge finit par leur donner raison. Par contre, le dispositif de sécurité mis en place montre que les autorités prennent cette affaire très au sérieux. D’ailleurs, parmi les forces de l’ordre, il y en a qui sont encagoulées et tenant par devers elles une mitraillette.

32 prévenus sont poursuivis dans le cadre de cette affaire. C’est la troisième fois que le dossier a été renvoyé. Concernant les deux autres affaires inscrites au rôle, liées elles-aussi au terrorisme, elles ont été maintenues par le juge.

Omar NDIAYE 

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