Les violences qui ont émaillé la journée du lundi 14 mai ont occasionné un terrible bilan : 59 morts et plus de 2 400 blessés au cours de la répression des manifestations à Gaza. Ce qui n’a pas empêché les Etats-Unis de présenter l’inauguration de leur ambassade à Jérusalem comme une étape vers la paix. Ce mardi, les Israéliens se préparent à faire face à la grève générale dans les Territoires palestiniens et à la reprise des manifestations pour la journée de la Nakba, la « catastrophe » qu’a représentée pour les Palestiniens la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948.

Après la journée la plus meurtrière à Gaza depuis l’opération « Bordure protectrice » durant l’été 2014, indique notre correspondant à JérusalemMichel Paul, les Israéliens se préparent à la reprise des manifestations dans les heures qui viennent pour la journée de la Nakba, la « catastrophe », synonyme d’exode pour des centaines de milliers de Palestiniens après la création d’Israël en 1948. De nouveaux renforts ont été déployés le long de la frontière avec Gaza. Le Premier ministre a tenu des consultations dans la soirée avec les responsables des divers services de sécurité.

Israël ne fait que protéger sa souveraineté, a affirmé Benyamin Netanyahu comme le ferait tout autre pays. La détermination de Tsahal a empêché des infiltrations de Palestiniens en territoire israélien, a-t-il ajouté. Une source militaire menace que si l’escalade se poursuit Israël pourrait prendre pour cible les dirigeants du Hamas. Ce matin le point de passage de Kerem Hashalom entre Israël et Gaza va rouvrir sur ordre du ministre israélien de la Défense. Et puis aussi la population arabe israélienne entame une journée de grève pour dénoncer le massacre de Palestiniens à Gaza.

« Une journée historique, l’histoire à Jérusalem »… Ce sont les titres ce matin dans la presse. « Un grand jour pour la paix », a proclamé Benyamin Netanyahu lors de l’inauguration de l’ambassade américaine hier à Jérusalem. Les commentateurs tentent aujourd’hui d’analyser cette position sans vraiment y parvenir. On parle aussi de l’ambiance messianique qui régnait lors de la cérémonie. Ce matin, Jérusalem est encore pavoisée aux couleurs américaines. Et le bâtiment dans le quartier d’Arnona va accueillir les demandeurs de visa. Avec une nouvelle plaque sur laquelle figure le mot ambassade en lieu et place de consulat…

« Un grand jour pour Israël »

Ivanka Trump, la fille du président américain, devant la plaque de l’ambassade américaine à Jérusalem.REUTERS/Ronen Zvulun

Dans un tweet publié alors que plusieurs Palestiniens avaient déjà été tués par l’armée israélienne, le président américain Trump a salué « un grand jour pour Israël » sans faire référence aux victimes, écrit notre correspondante à WashingtonAnne Corpet. Interrogé un peu plus tard dans la journée sur le sujet, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a préféré tourner le dos à la presse et ne pas répondre. C’est finalement le porte-parole de la Maison Blanche qui a le premier commenté l’effroyable bilan de cette journée. Raj Shah a attribué au Hamas la responsabilité de ces décès : « Nous pensons que le Hamas est responsable de ces morts tragiques. C’est leur exploitation cynique de la situation qui conduit à ces morts. Nous voulons qu’ils cessent. »

Le porte-parole de la Maison Blanche a également évoqué le plan de paix que doivent présenter prochainement les Américains. Selon lui, les violences de ce lundi n’auront aucun impact sur la réussite de ce plan, dont on ignore encore la teneur exacte. A noter, en évoquant la situation à Gaza le porte-parole de la Maison Blanche a parlé de la tragédie qui s’était déroulée dans « le sud d’Israël ». Or, Gaza ne fait pas partie de l’Etat hébreu, c’est un territoire palestinien. Le terme « sud d’Israël » a été repris dans le compte-rendu écrit de la Maison Blanche, et nul ne sait s’il s’agit d’une coquille due à l’ignorance ou d’une affirmation erronée mais volontaire… Quoiqu’il en soit, Jared Kushner le gendre du président américain, qui était présent lors de la cérémonie d’inauguration à Jérusalem a évoqué « le profond engagement des Etats Unis en faveur d’une paix immuable ».

Et lui aussi a semblé blâmer le Hamas pour les morts de cette journée, mais à mots plus couverts en déclarant : « nous l’avons vu aujourd’hui, ceux qui provoquent la violence sont une partie du problème et non une partie de la solution ». Mais pour mettre en application leur plan, que Donald Trump qualifie déjà « d’accord du siècle » les Américains auront bien besoin d’un interlocuteur, voire d’un signataire palestinien. Et ces déclarations rendront la tâche encore plus difficile.

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