Au Campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, les vendeurs à la sauvette y ont établi un véritable terrain opérationnel. Où ils retrouvent leurs clients, pour la plupart des filles, non pas dans les halls des Pavillons, mais jusque dans les chambres. Cette attitude pour le moins banale indispose, cependant, plus d’un (e). Pourtant, les chefs de Pavillons chargés d’assurer la sécurité des étudiants font des pieds et des mains, pour assurer la sécurité de tous les résidents.

Situé, à l’Avenue Cheikh Anta Diop de Dakar, le Campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui porte le même nom est exposé à plusieurs fléaux. Quand ce ne sont pas les policiers, qui attaquent les étudiants, à coup de gaz lacrymogènes, ce sont les commerçants ambulants, qui se livrent à d’interminables va-et-vient. Au final, on se croirait partout, sauf dans des dortoirs d’étudiants.

Assis devant l’entrée des Pavillons, les contrôleurs semblent veiller à interdire l’accès des dortoirs à toutes personnes étrangères. Pourtant, tous les jours, les étudiants (e) sont harcelés (es), jusque dans les chambres par des commerçants ambulants, qui font du porte-à-porte. Ils passent à n’importe quelle heure de la journée, pour présenter leurs marchandises aux étudiantes ; pour la plupart du temps, à la recherche d’une bonne clientèle. Ce que ces vendeurs ignorent, c’est que cette pratique est interdite par les règles de l’Etablissement. Et que leur technique d’approche pour écouler leurs étales n’est pas du goût de tout le monde.

Dieynaba Cissoko : « nous n’arrivons, vraiment, pas à nous reposer, après les cours, à cause de la légèreté de certains contrôleurs, à l’entrée des Pavillons« 

Les étudiants sont harcelés, à longueur de journée, par ces vendeurs d’un genre nouveau. Et, ce n’est pas Dieynaba Cissoko, qui nous démentira. Cette étudiante en troisième année d’Histoire a bien voulu donner son opinion sur le phénomène. « Franchement, ils dérangent. Même si on y trouve souvent des articles intéressants qui font notre affaire, il faut, quand même, les limiter ou les recadrer. Par exemple,  leur fixer des heures et jours pour lesquels ils doivent passer. Comme cela se fait dans d’autres Campus« .

Poursuivant, notre interlocutrice de déplorer les perturbations que de tels dérangements engendrent. « Nous n’arrivons, vraiment, pas à nous reposer après les cours, à cause de la légèreté de certains contrôleurs, à l’entrée des Pavillons. Je me demande même s’ils font, correctement, ce que l’on attend d’eux, c’est-à-dire leur travail« .

Salma Fall: « ils nous évitent de traîner dans les marchés; ils nous présentent des prix défiant toute concurrence; je n’y trouve aucun inconvénient« 

Partant d’un constat général, les Pavillons des filles sont les plus sollicités par les vendeurs ambulants. L’on se demande si elles ne sont pas de mèche avec ces derniers pour qu’ils aient l’accès aussi facile à leurs chambres. Et cet état de fait ne semble déranger Salma Fall, étudiante et résidente du même Pavillon.

«Les commerçants nous facilitent la tâche, en nous évitant de traîner dans les marchés à faire des emplettes. En plus, ils nous proposent des prix défiant toute concurrence. Sans fournir d’énormes efforts, nous les avons à notre portée. Les conditions de vente importent peu, du moment que je trouve quelque chose à mon goût. Personnellement, je ne trouve aucun n’inconvénient à cela», affirme, Salla.

Badou Diouf : «nous sommes, ici, pour veiller à la sécurité des étudiants; mais les vendeurs trompent notre vigilance, en se mettant dans la peau d’un étudiant, pour infiltrer la masse»

Au moment où les étudiants chargent les contrôleurs de cartes en les accusant d’être les seuls responsables de ce laisser-aller, ces derniers, à leur tour, affirment faire leur possible, afin d’éviter le commerce dans les chambres. «Une chose qui est plus fréquente dans les Pavillons des filles», nous confirme Badou Diouf, Gérant du Pavillon Q.

«Vraiment, c’est un sujet, qui nous touche de près, si nous sommes là, c’est pour veiller à la sécurité des étudiants. A chaque fois que nous constatons qu’il y a des commerçants à l’intérieur des chambres, on réagit en conséquence, en les faisant vider les lieux»

Mais ce n’est pas toujours facile pour Badou de se laver à grande eau. Car, la plupart du temps, dit-il, «les vendeurs trompent notre vigilance, en se mettant dans la peau d’un étudiant pour infiltrer la masse. Nous aimerions que chaque étudiant soit son propre surveillant, s’il constate la présence d’un individu en train de faire du commerce dans les chambres, il est habilité à nous en informer».

Daouda Kane : «le commerce à l’intérieur des Pavillons est, formellement, interdit ; cette pratique a occasionné plusieurs cas de vols»

Quant à Daouda Kane, responsable des Pavillons O et P, il emboite le pas à son prédécesseur. «Le commerce à l’intérieur des Pavillons est, formellement, interdit. C’est l’un des principes fondamentaux du Règlement intérieur. Aucun chef de Pavillon n’acceptera cela, s’il en est au courantNous y veillons tous bien qu’il y en ait quelques uns qui échappent à notre vigilance».

Dans la foulée le chef des Pavillons O et P  d’informer que ces va-et-vient ont, à maintes reprises, occasionné des vols. «Je vous informe que cette pratique a occasionné de nombreux cas de vols, et bien d’autres dégâts dans le Campus. C’est même dangereux pour les jeunes filles, qui se font, tout le temps, avoir par ces personnes», insiste-t-il.

Beaucoup de témoignages laissent croire que le phénomène des vendeurs ambulants dans les chambres reste une préoccupation majeure pour les responsables des Pavillons sur qui repose le poids de veiller à la sécurité des étudiants. Surtout en ces temps qui courent, où les viols et autres agressions sont devenus monnaie courante.

Nadège NGUETTA

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