Amaigri, le visage émacié, Baye Modou Fall, qui devait répondre des délits d’association de malfaiteurs et de vol commis en réunion, n’a pas été tendre avec les Institutions de la République. Le Président Macky Sall, le ministre de la Justice, l’Administration pénitentiaire en ont pris pour leur grade. Bref, Boy Djinné a créé l’attraction autour de lui. Pour, peut-être, créer les conditions d’un tohu-bohu dans la Salle d’audience qui pouvait lui permettre de se tailler, de nouveau. Mais peine perdue. Son procès s’est, finalement, tenu, même si, au début, il s’est rebellé contre le Tribunal. C’est le 20 mars prochain qu’est attendu le délibéré. Déjà, le Parquet a requis 3 ans d’emprisonnement ferme.

La scène était insoutenable. Baye Modou Fall, menotté avec ses co-prévenus regagnait le véhicule de l’Administration pénitentiaire, qui devait le reconduire à la Maison d’arrêt et de correction. Sa sœur-cadette ne pouvait contenir ses larmes, au vu de ce spectacle affligeant imposé à son frère par les gardes pénitenciers. Elle éclata en sanglots, avant que son prévenu de frère ne le clame, en ces termes : «so dioyé, damay dioy. Owal ma Marème» (Ndlr : si tu pleures, je pleure, moi aussi, appelle-moi Marème). Et la grande sœur, Marème, l’aînée de la fratrie des Fall, ne vient répondre à son jeune frère. Baye Modou Fall venait de terminer son show au Tribunal de Grande Instance de Diourbel. Où il était jugé pour les faits de vol avec réunion et association de malfaiteurs commis au mois de décembre 2015 à Touba.

Appelé à déférer devant les juges, Baye Mafaly Fall, un de ses multiples noms d’emprunt, avait  refusé de comparaitre. Il s’en est pris au Président de la République, au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, à l’Administration pénitentiaire. Il  n’a pas hésité à les traiter de tous les noms d’oiseaux. Devant la barre, le prévenu est revenu sur ses dures conditions de détention et les tortures, dont il fait l’objet. Il est revenu sur son transfèrement à Diourbel et c’est pour déplorer les conditions, dans lesquelles il a été amené.

Boy Djinné crée un vacarme, engueule les gardes pénitentiaires, réunit les conditions d’une évasion…

«Rayouma nit, défou ma lou takh nioumay takk, di ma cagoulé. Niou tak sa ma lokho» (je n’ai pas tué une personne, je ne mérite pas ce traitement). Il voulait, ainsi, créer un tohu-bohu, avant de faire la malle. Ce que les gardes pénitenciers, appuyés par un élément pénitencier d’intervention, avaient compris, en se positionnant à l’intérieur de la salle d’audience, avec armes à la main, prêts à déclencher la gâchette, si le prévenu, avec les pieds nus à la barre, tentait de s’évader.  D’ailleurs, ce prévenu avait, au moment de sa garde-à-vue, dans la cave, avait commencé à créer un vacarme, en s’en prenant aux gardes pénitentiaires. Il criait de toutes ses forces et tapait fort sur la porte, troublant, ainsi, la quiétude des personnes présentes dans la salle d’audience.

 

…mais bute sur la vigilance des forces de l’ordre et des matons

Arrivé dans cette salle, il refusera de s’habiller, correctement, avec le tee-shirt bleu qu’il avait entre les mains, sous le prétexte qu’il puait de l’urine par la faute des pénitentiaires. «Dou ma sol Ye rebi, nit La. Yerebi daniou ko def si saw (je ne vais pas porter ce vêtement qu’on a trempé dans de l’urine). Baye Modou Fall, qui avait, sans doute, eu vent que le Parquet de Diourbel détenait copie de la correspondance adressée à l’Observatoire des lieux de privation de liberté, attaqua avec violence le Parquet. Malheureusement, il n’a pas pu obtenir ce qu’il voulait, c’est-à-dire créer un trouble d’audience et après fuguer. Le sous-vêtement étant  déchiré, le juge, avec fermeté, lui demandera de s’habiller, correctement.

Baye Modou Fall refuse de porter son tee-shirt, invoque une odeur d’urine, attaque, frontalement, le Président Sall et son ministre de la Justice

«Il n’a qu’à se mettre en état. Il n’a qu’à respecter le Tribunal», dira le Président Ndir. Le Ministère public, devant ce spectacle et le comportement incorrect du prévenu, demandera le renvoi. Niet, dira le Président du Tribunal, parce que, pour lui, les deux autres co-prévenus de Baye Modou Fall à savoir Ibrahima Ly et Moustapha Sow devaient être jugés, car ayant attendu trop longtemps. Me Abdoulaye Babou, l’Avocat du prévenu, se chargera de calmer son client, non sans menacer de se dévêtir de sa robe si Baye Modou Fall ne respectait pas le Tribunal, en acceptant de s’habiller, décemment. Après ces conciliabules, le prévenu a accepté de répondre aux questions du juge.

Le Procureur refuse de lui poser des questions, car Boy Djinné n’a pas respecté les Institutions

Le Ministère public, représenté par le Procureur Baye Thiam, n’a daigné poser de questions. Par cette attitude, il voulait montrer au prévenu qu’il fallait, en tout lieu et en toutes circonstances, respecter les Institutions de la République, notamment le Président de la République. Le Maître des poursuites ne pouvait admettre qu’un prévenu fasse  même l’apologie du terrorisme, en disant qu’Imam Ndao est son marabout. Il ne fera pas non plus de réquisitoire, se contenant simplement de demander qu’une peine de 3 ans ferme soit infligée aux trois prévenus, en l’absence de Talla Thiam.

Boy Djinné livre les raisons de son évasion, à 13 jours de sa libération, par un souci de recouvrer 15 millions qu’un Ganila lui avait subtilisés

A la barre, Moustapha Sow a reconnu les faits de tentative de vol. Itou, pour Ibrahima Ly. Quant à Baye Modou Fall,  il réfutera le délit de vol. Il confiera s’être rendu à Touba, après s’être évadé de la prison de Rebeuss, alors qu’il lui restait 13 jours de prison, parce qu’il voulait rentrer dans ses fonds équivalent à 15 millions F Cfa qu’un certain Ganila lui avait subtilisés. Il poursuivra que, dans ses recherches, on lui fera comprendre qu’Ibrahima Ly pouvait lui permettre de dénicher Ganila. Il se rendra à Touba, avec Moustapha Sow. Lorsqu’il mît la main sur Ibrahima Ly, ce dernier l’informa de son projet de cambrioler un magasin au marché Ocass, il le conseillera de ne pas le faire, au-delà de 20 heures, au risque de tomber sous le coup de vol commis la nuit. C’est au moment de la tentative de cambriolage qu’ils seront arrêtés et conduits à la Police de Touba. «Nous n’avons pas usé d’armes à feu encore moins volé quoi que ce soit», conclut Baye Modou Fall. Son Avocat Abdoulaye Babou demandera à ce qu’une peine de trois mois lui soit infligée. Ce n’est pas parce qu’il se nomme Baye Modou Fall qu’il faut lui appliquer une telle peine.

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